mardi 11 janvier 2022

RIP


Au commencement, je rêvais d’elle… je pouvais voir ses traits avec précision, j’entendais la clarté de sa voix et sa présence était plus que palpable.

Désormais maman n’est plus qu’une masse sombre et informe au milieu de mes songes. Je ne la vois plus, je ne l’entends plus, je ne la sens plus. Comme si elle s’était enfoncée trop loin dans les cimes.

A défaut d’un deuil parfaitement maîtrisé, j’ai laissé venir l’oubli. Une illusion très amère… à l’image de ce ciel qui prend tout et ne rend rien. 

Une fois encore, j’ai le cœur en miettes. Ce n’était pas qu’un chien. Sa perte vient rouvrir avec la dextérité d’un scalpel la plaie à peine refermée.

Ce n’était pas qu’un chien. Il avait été le sien autant que le mien. Nous étions liés par le souvenir de ces jours heureux. Je sais qu’il avait souffert de sa perte, je savais en plongeant mon regard dans ses yeux étincelants qu’il me faisait confiance et que j’étais devenue sa seule ancre dans ce monde éphémère.



Je n’ai véritablement personne pour discuter de ma mère et vivifier son souvenir. Les uns ont refait leur vie, les autres ont la mort en horreur, redoutable tabou, et certains souffrent encore avec trop d’aigreur… Je crains de remuer la lame dans la blessure toujours béante. J’ai honte aussi d’exhiber ma douleur, de ne pas incarner la dignité du deuil, de ne pas montrer ce visage de marbre, l’élégance froide de l’héroïne d’un roman. Je me tourne en moi-même tandis que les larmes ruissellent sur mes joues, les brûlant de leur sel.

Ce n’était pas qu’un chien, c’était mon compagnon de galère. Il savait me réconforter par sa seule existence. Je glissais mes doigts dans sa fourrure, douce, soyeuse, j’y cherchais la chaleur maternelle et j’y trouvais un foyer. Je ne l’ai pas vu vieillir, je croyais dur comme plume que le moment des adieux viendraient tard, si tard qu’il se confondait en jamais. Je l’ai cru immortel comme je la croyais invincible. Impossible que le trépas frappe le toit de ma maison, pas si tôt, pas en ces circonstances. Naïveté de ma part. La foudre est bien capable, cruelle, d’embraser deux fois le même arbre…   

Je me souviens de ces torrents de pleurs versés lorsqu’elle est morte. Ils avaient consumé la combe de mes yeux et depuis le moindre sanglot vient réveiller l’incendie. Ma peau est une terre brûlée qu’un soleil de plomb noircit comme pour en faire du charbon. Ce n’était pas qu’un chien. 












 

lundi 15 novembre 2021

Sol aeternus.



Rouge soleil, folie de l'amour maternel,

Aurais-tu cru, si tard, redéployer tes flammes ? 

Peu à peu je revis ce récit éternel,

Harmonie délicieuse encensant nos trois âmes...

À mon cœur épuisé le remède est si doux

Et je l'ai tant voulu, espéré à genoux :

La réussite, enfin, me rend le bleu du ciel !





lundi 22 février 2021

5 ans...

5 ans, aujourd’hui, qu’elle est morte.
 
Tout me manque. Les feuilles d’or de l’enfance me manquent. Ma mère me manque. Mes tantes, mes oncles, mes cousins, mes amis, toutes leurs voix conjuguées me manquent. Je rêve des Noëls où la table comptaient des couverts innombrables, je rêve de ces dimanches sans fin où la famille défilait, je rêve de ces moments sereins, de ce sentiment de plénitude, de cette innocence et de cette confiance inaltérable en la destinée.
 
Mais les années ont tout emporté sur leur passage, le barrage le plus stable et le plus problématique cédant il y a 5 ans. Je n’ai plus confiance en l’existence : les gens passent, trahissent, oublient ou bien meurent. La Maladie et la Mort règnent, maîtresses, sur nos corps qui ne sont qu’une tombe en sursis. Plus je vieillis et plus je trouve la vie grise et désespérante. Personne n’a le temps, tout le monde fait rouler son rocher de Sisyphe jusqu’à finir écrasé sous son poids. 
 
Et pourtant, j’ai de la chance…
 
J’ai la chance de goûter à nouveau au nectar de l’enfance à travers les yeux de lucy, d’avoir encore une raison d’ouvrir les yeux chaque matin, de sentir mon esprit vibrer au fil de la plume, d’avoir des gens précieux, et que j’aime, et qui m’aiment, autour de moi. Merci à vous tous : amours, amis, confidente, collègues… Je recherche en chacun une parcelle de ce que j’ai perdu et je trouve de l’or quand je m’étais résolu à saisir du bronze. 
 
Je ne suis pas seule devant tout le chemin qui reste à parcourir. 
 
Et si la roue tourne réellement en ma faveur, il sera suffisamment long pour retrouver la lumière, la vraie, celle qui est pleine et entière.

 

mardi 9 juin 2020

Tempus fugit, mea Lux.



Ce fut une année terrible…  Plusieurs pans de ma vie ont dangereusement tangué au-dessus du vide : la Mort, la Maladie, la Discorde… tous les maux de la boîte de Pandore ont décidé de me casser les noix avec un brio presque savoureux. Je ne pensais pas que j’étais encore capable de souffrir comme ça. C’est du grand art… J’applaudis le sort et ses farces sordides.

J’ai cependant la sublime chance, dans tout ce merdier, d’être chérie et entourée, d’avoir des gens que j’aime, qui m’aiment et qui me soutiennent.

Et j’ai surtout le bonheur d’être éclairée par une lumière qui subsiste envers et contre tout :



  Un rêve s’apprêtant à en saisir un autre, allégorie.





Aujourd'hui, l'amour que j'ai attendu toute ma vie a deux ans.

C’est à présent une petite fille vive, intelligente, souriante, fondue de pandas. Une demoiselle à la langue prolixe, aux baisers fougueux et à l’énergie débordante.









Quand j’étais adolescente, j’avais écrit une berceuse… Je l’ai réactualisée récemment pour en faire une version abrégée mais encore incomplète :

Concernant l’air : Ré mi do // La do ré mi do //La do ré / Sol sol fa mi //Sol la sol fa mi ré mi do. (Certes, oui, c'est l'air d'un dessin animé des années 80/90...)

Qui je suis…
Que ferai-je ici ?
Où est donc mon chemin ?
Je me le demande tous les matins.

Je ne sais
Plus ce que je fais.
Qu’arrive-t-il ? Je m’sens bizarre…
Aurais-je perdu la mémoire ?

Dans la nuit
Quand les pleurs sont gris,
Je pense à celle qui est morte :
S’éteignant elle ferma une porte.

Ma lumière
Scintille comme l’éclair
Qui ne brille qu’un seul moment
Mais qui disperse tous mes tourments.

Ton amour
Plus pur que le jour
A pour effet insensé
De transcender l’Eternité.

vendredi 8 mai 2020

Le chant du gâteau.


Gâteau, entends-tu le four noir qui s’allume et s’enflamme ?
Gâteau, entends-tu les cris sourds de Lulu qu’on affame ?
Ohé, maîtres coqs, boulangers et pâtissiers, à la louche !
Ce soir mon bébé connaîtra le goût du sucre dans sa bouche.

Ici chacun sait ce qu’il mange, ce qu’il goûte, face à face.
Gâteau, si tu tombes, un gâteau sort de l’ombre à ta place.
Demain l’chocolat séchera au grand soleil dans l’assiette.
Chantez, chers gâteaux, dans la nuit elle vous appelle, ma fourchette…





Avez-vous reconnu le chant célèbre dont ces paroles sont la parodie ? :D 

dimanche 9 juin 2019

Beatrix


Une date à la fois si lourde et si légère, j’en suis malade de bonheur.




Un an qu’elle est là, un an qu’elle m’est venue.


Ce n’est pas toujours facile : tellement de songes dans la tête et si peu de temps pour les mettre sur le papier. Je rêve d'achever tout ce que j'ai commencé. Ne serait-ce que pour le partager avec toi.


 Fusionner au sein d'un foyer sans pour autant se perdre en tant que personne parait si évident, mais le chemin est tortueux.



En fin de compte, les parents grandissent encore avec leur enfant.










La veille de l'anniversaire, j'ai cependant fait un rêve étrange et très dur dont j'éluderai certains détails car ils concernent des personnes en vie qui pourraient s'en trouver blessées...
Les défunts étaient de retour mais je les accueillais avec froideur et colère : lorsque je rêve de mes disparus, j'ai toujours parfaitement conscience qu'ils sont morts et si d'habitude une torpeur horrible s'empare de moi, ce soir-là je me suis rebellée... J'ai lâché mes reproches comme des injures : "Pourquoi me tourmenter de la sorte ? Vous n'avez rien à faire ici ! Je ne veux plus vous voir ! En vous retrouvant en songe, le réveil ne sera que plus dur, j'en ai assez de souffrir et de revivre le deuil, chaque matin, perte après perte."
Et je les ai chassés, ces fantômes de nuit, sans leur laisser le temps de me parler.

Car aujourd'hui appartient aux vivants.


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